Glossaire

Définitions complémentaires

physiologie, épigénétique, neurosciences, épistémologie, philosophie

acteur : L'acteur d'une situation primale dont le patient a pu souffrir a, forcément, une part de responsabilité dans cette souffrance. Toutefois, lorsqu'en agissant consciemment il n'a pas eu l'intention délibérée d'infliger une souffrance, il n'en est pas à proprement parler l'auteur.
auteur : L'auteur d'une souffrance infligée consciemment ou inconsciemment à un embryon, un fœtus, un nouveau-né, un nourrisson, un enfant ou un adulte sans défense est une personne qui, par égoïsme ou pulsion maladive, a perpétré un abus.
autoassistance : Pratique autonome de la thérapie des quatre pas par un patient.
besoins primaux : Besoins dont l'inassouvissement chez le petit d'homme constitue une atteinte à son intégrité primale. Ses principaux besoins primaux sont d'être attendu avant sa naissance, de naître dans les conditions physiologiques normales et d'être aimé. Il a aussi besoin d'être protégé contre les surcharges émotionnelles et toutes autres formes de blessures primales tout au long de la période pendant laquelle il est totalement dépendant de ses personnes de référence.
cliché : Tel que l'entend Roger Vittoz (Vittoz R, 1907) , un cliché est la trace [neurologique] durable laissée par un épisode primal, le plus souvent oublié, auquel la personne et parfois plus précisément son organisme avaient fortement réagi. Dès lors que le cliché existe, un tel épisode peut faire l'objet de nombreux rappels , au cours de la vie du sujet, sans que ce dernier en ait la moindre conscience. A chaque rappel, ses réactions ou celles de son organisme s'apparentent à ce qui, à l'origine, fut sa réponse à l'épisode primal. Quand elles ne sont pas carrément inadéquates, ces réactions sont en tout cas disproportionnées par rapport à celles qui pourraient se justifier dans les circonstances présentes. Le sujet en souffre. Elles sont pour lui un handicap, un symptôme de son mal de vivre. Il est probable que la trace laissée par un événement traumatique vécu par un adulte, dans les cas de PTSD [posttraumatic stress disorder] ou manifestations dites de "stress post-traumatique", soit de même nature que le cliché.
concept : Un concept peut être considéré comme étant un petit domaine de notre réalité personnelle. Nous avons l'habitude de parler d'un concept en faisant usage d'un signe ou un ensemble de signes, langagiers ou autres, accessibles à autrui. Chacun de nous a, par exemple, une conception de la tendresse [domaine de sa réalité]. Lorsqu'en nous adressant à d'autres personnes parlant la même langue nous voulons désigner le signifié qui correspond à ce domaine, nous faisons usage du mot (ou signifiant) "tendresse". Ce dernier est à peu de chose près le seul "point de rencontre" des domaines des réalités individuelles qui correspondent au concept. C'est pourquoi, dans une conversation courante, la question : "Quel est votre concept de la tendresse ?" dit bien ce qu'elle veut dire. Et c'est aussi pourquoi répondre à une telle question n'est pas une mince affaire.
conditions physiologiques normales : Conditions dans lesquelles une fonction de l'organisme peut le mieux se développer. Par exemple, pour que le nouveau-né soit à coup sûr capable de respirer de l'air, il faut qu'il ait lui-même déclenché le processus de sa naissance. Il le fait par l'intermédiaire, notamment, des protéines que ses poumons libèrent dans le liquide amniotique dès le moment où ils sont prêts à recevoir de l'air. Ou encore, il faut que certaines hormones soient produites par le système nerveux central de la parturiente pour que la naissance puis la délivrance [expulsion du placenta] et le déclenchement de l'instinct maternel puissent avoir lieu. Ces hormones sont produites en abondance lorsque plusieurs conditions sont réunies : 1) pendant le travail spontané de dilatation et la lente progression du fœtus, la parturiente se sent en sécurité et au chaud dans la pénombre, dans une ambiance feutrée, 2) elle ne se sent pas observée, elle n'est pas distraite par des injonctions aussi inutiles qu'intempestives, 3) après la naissance et jusqu'à la délivrance, à un moment où doit avoir lieu le pic de production d'ocytocine le plus élevé qu'un humain puisse connaître, ni la mère ni l'enfant ne sont distraits de leur première relation face à face par une coupure prématurée du cordon, un flash d'appareil photo ou des exclamations même bien intentionnées. Michel Odent a été l'un des premiers chirurgiens a pratiquer la césarienne selon une méthode sûre, dont il a acquis une longue expérience. Il est aussi l'un des premiers aujourd'hui a rendre obstétriciens, sages-femmes et futurs parents attentifs au fait que le déroulement de la naissance et la production des "hormones de l'amour maternel" peuvent être gravement perturbés lorsque les conditions physiologiques normales ne sont pas réunies. En particulier lorsque naissance et délivrance s'obtiennent par une césarienne pratiquée avant qu'aucun travail spontané ne soit intervenu (Odent, 2004).
En résumé, un individu est le mieux reçu au monde lorsque seuls lui-même et sa mère sont les protagonistes de sa naissance. D'autres conditions déterminantes sont qu'il ait été désiré et attendu par ses géniteurs, que ceux-ci le regardent, le reconnaissent, l'écoutent et s'adressent à lui avec tout le respect dû à une personne à part entière.
dialogue réparateur : Forme de "dialogue" que le patient mène avec l’enfant-en-lui ou avec toute autre personne, très présente pour lui bien qu'absente physiquement. Ce type de dialogue est un élément clé de la thérapie primale. « Dans notre enfance, nous n'avons soit jamais pu, soit jamais eu le droit d'apprendre le dialogue. Peut-être même avons-nous dû le désapprendre. C'est pourquoi il nous faut à présent réapprendre le dialogue et nous y entraîner. Il est en effet essentiel, pour le progrès de notre thérapie, de nouer aussitôt que possible le dialogue avec nos personnes de référence actuelles et d'autrefois. Un vrai dialogue que nous menons à haute et intelligible voix, avec les personnes qui peuplent nos souvenirs. Un dialogue constitué de nos propos et des réponses de notre "interlocuteur" du moment. Nous tirons ces réponses de tout ce dont nous nous souvenons : attitudes, mimiques, gestes, remarques et affirmations de cette personne ainsi que de nombreux détails que nous avons jadis enregistrés et emmagasinés automatiquement, sans avoir pu à l'époque assimiler consciemment ce "matériel". Muni de ce moyen de clarification des situations présentes et d'analyse des situations de notre enfance, nous devenons à proprement parler l'avocat de l'enfant qui est en nous. Grâce à l'introduction dans ce dialogue de notre point de vue d'adulte, grâce au face-à-face critique qui nous permet de corriger les erreurs de jugement commises autrefois par les adultes et leurs idées fausses, nous libérons l'enfant qui est en nous de sentiments de culpabilité inconscients et infondés. Il nous est maintenant possible d'oser, sans nous mettre en danger, la confrontation avec nos anciennes personnes de référence. Il nous est enfin permis de mener des discussions jusqu'au bout et de laisser mûrir en nous des réactions salvatrices qui, à l'époque, nous étaient impossibles ou interdites. Ainsi, avec le temps, nombre d'opinions que nous conservons encore sur les autres et sur nous-même vont se transformer en connaissances véritables. » (Stettbacher, 1990, op. cit.). 
émotion : Les émotions, chez une personne, sont les manifestations de sa peur, de sa surprise, de sa joie, de sa colère, etc. généralement perceptibles par un témoin attentif. Ces manifestations incluent des changements d'attitude de la personne, de sa façon de respirer, de la couleur, la chaleur, l'humidité de sa peau, des pleurs ou des cris ou, au contraire, un mutisme subit.
épigénétique : en tant que branche de la physiologie, plus particulièrement de la biologie moléculaire, l'épigénétique est à la fois un domaine d'étude, et l'ensemble des processus qui de près ou de loin, à court comme à long terme et différemment dans chaque cellule d'un organisme, gèrent le degré d'activation de chacun des éléments du patrimoine génétique qu'est l'ADN (patrimoine dont les gènes sont reproduits à l'identique dans le noyau de chaque cellule). Ces processus ne modifient pas la séquence de nucléotides constitutive d'un gène, mais agissent sur elle (d'où le préfixe “épi”) en contrôlant son degré de mise en service (ou “degré d'activation”). Ils peuvent complètement l'inactiver en la “masquant”, ou au contraire l'activer, mais à des degrés divers et de différentes façons. Dans ce dernier cas, si l'on se représente une séquence activée comme un livre ouvert dans la “bibliothèque ADN”, son environnement épigénétique détermine à quelle(s) page(s) ce livre est ouvert et quelles lignes en sont lues. Ou plus précisément, disposant du contenu d'information du livre tout entier, son environnement épigénétique peut ne “tenir compte” que de certaines parties de ce contenu en les combinant pour, littéralement, façonner une foule de protéines distinctes, chacune sur un “patron” différent (c'est-à-dire sur une combinaison différente des éléments de la séquence du gène). On est donc ici très loin du cliché selon lequel, puisque la partie du patrimoine génétique directement liée à la production de protéines ne comporte que quelque 22'000 “gènes”, la variété des protéines qu'une cellule pourrait synthétiser se limiterait à 22'000. Car en réalité, cette variété correspondrait plutôt à quelques centaines de milliers de séquences d'acides aminés distinctes .
expérience : Tout événement vécu, impliquant les sensorialités extéroceptives et/ou intéroceptives de l'organisme, susceptible d'entraîner une réaction de cet organisme ainsi qu'une modification de sa réalité propre.
extéroceptif : Se dit d'un stimulus sensoriel (olfactif, tactile, auditif, visuel, gustatif) en provenance de l'environnement de l'organisme.
foi du vivant : Gardien de la vie et du goût de vivre qui ne relève aucunement d'une quelconque conviction du sujet. « Cette force presque terrible qui nous fait exister », selon le mots de Marguerite Yourcenar, est présente chez tout être vivant.
histoire de vie : Notre histoire de vie commence avec l'union d'un matériel génétique paternel avec un matériel génétique maternel à l'intérieur d'une seule et même cellule, l'œuf. Elle se poursuit par une succession ininterrompue d'échanges matériels et d'interactions d'autres natures avec l'environnement de cette cellule d'abord, puis de l'embryon, puis du fœtus, au cours d'une succession de divisions cellulaires suivant ce qu'on pourrait appeler "la partition du chant de l'expression génique". Une partition dont on ne connaît pour l'instant pratiquement ni l'harmonie ni les notes. On parle de fœtus et non plus d'embryon au-delà de la 14e semaine suivant les dernières règles de la mère, soit à trois mois d'âge si on déduit les deux semaines qui se sont écoulées avant l'ovulation et la conception. L'histoire de vie se poursuit avec celle du nourrisson, de l'enfant et de l'adulte. Compte tenu de son bagage génétique et grâce aux fonctions de mémoire et d'intégration propres à tout être vivant, le héros de l'histoire développe et ajuste sa réalité sur la base exclusive de ce dont à chaque instant il fait l'expérience. Réalité qu'il appellera d'emblée "la" réalité tant la confusion est naturelle entre sa realité propre et ce qu'il en aura partagé par son commerce avec tous les vivants dotés des mêmes fonctions sensorielles et d'intégration et surtout, pour les humains, des mêmes outils culturels.
intégration : En neurophysiologie, les fonctions nerveuses dites d'intégration font aujourd'hui l'objet de nombreuses études. Des techniques non invasives d'observation du système nerveux central pendant qu'il fonctionne nous donnent un premier aperçu de nos captations sensorielles et de leur traitement immédiat par toute une hiérarchie de centres nerveux. A titre d'exemple, il devient possible de concevoir comment, au delà de la captation des stimulus lumineux par la rétine, les centres nerveux primaires, secondaires, tertiaires, etc. président aux perceptions visuelles. Comment ils assurent en même temps la mise en relation de ces perceptions avec nos autres perceptions du moment, tant intéroceptives qu'extéroceptives. Comment, enfin, toute nouvelle expérience visuelle vient à chaque instant et dans son contexte affiner notre réalité par confirmations, enrichissements et ajustements successifs. Il est probable que les fonctions d'intégration impliquent de près ou de loin la plus grande partie du système nerveux central, cet ensemble organisé dont les cellules constitutives, les neurones, se comptent par dizaines de milliards et possèdent chacune plusieurs dizaines de milliers de contacts avec d'autres neurones. Le nombre maximum de ces contacts est atteint dans les premiers temps après la naissance. Leur nombre diminue quelque peu par la suite et il se pourrait que cette diminution, contemporaine de l'établissement plus ou moins définitif de certains domaines de la réalité individuelle, corresponde à une diminution du potentiel de réorganisation de cette réalité. Par exemple, certains acquis d'une "langue maternelle", telle la finesse d'intonation des phonèmes, se "figent" relativement tôt. Dans une certaine mesure, il en est de même pour ce qu'on pourrait appeler globalement "la façon d'être avec autrui". Il faut remarquer, toutefois, que même diminué notre potentiel de réorganisation de la réalité reste assez grand pour qu'il vaille la peine de l'exploiter à l'aide de la pratique (auto-)thérapeutique primale. On a pu démontrer qu'un travail d'intégration se fait, entre autres, au cours du sommeil pendant les phases de rêve. Dans ce cas les expériences récentes, déjà intégrées "en ligne" à l'état de veille, sont reprises "en différé" pendant le sommeil pour une étape d'integration plus profonde. A propos de nos rêves, il nous est relativement facile d'en repérer les éléments constitutifs qui relèvent le plus directement de ce que nous avons vécu la veille. En revanche, si nous nous accordons le temps d'y prêter attention, nous sommes parfois surpris par des contenus qui nous renvoient à des éléments plus anciens du cours de notre vie, à commencer par notre vie primale. Ces contenus ne sont généralement pas reconnaissables a priori, d'autant plus qu'ils se manifestent souvent à notre conscience, pendant le rêve, sous forme de métaphores. Lorsqu'au contraire l'épisode, si fragmentaire soit-il, est très concret et précis, et que nous avons l'impression de revivre quelque chose de déjà vécu, c'est que nous venons d'avoir, plutôt qu'un rêve à proprement parler, ce qu'il est convenu d'appeler une reviviscence.
intéroceptif :  Se dit d'un stimulus sensoriel en provenance de l'organisme lui-même. Tous les stimulus à l'origine du sens de la position du corps et des membres, à l'origine de douleurs, à l'origine d'une prise de conscience de la fonction d'un organe (exemple : perception de la fonction cardiaque, de la fonction de certains muscles squelettiques), à l'origine d'une sensation de chaleur à l'intérieur du corps, etc., sont des stimulus intéroceptifs.
le signifié : Est du signifié tout domaine de notre réalité qui se réduit à un signe ou un ensemble de signes lorsque nous nous adressons à autrui. En linguistique, ce signe (un geste dans le langage gestuel, un idéogramme ou un mot qui désigne le concept signifié) est alors appelé un signifiant. Mais le signe peut être un dessin, fidèle ou stylisé jusqu'au pictogramme, un pas de danse plus ou moins stylisé par rapport à la gestuelle et à l'état d'âme signifiés, une attitude corporelle voire un simple clin d'œil, un uniforme voire un simple insigne à la boutonnière. La relation d'un signe à un signifié peut prendre des formes très particulières. Pour ce chien adulte qui n'aime pas le gentil facteur, le signe "casquette de facteur" peut se rapporter à un signifié inscrit depuis longtemps dans son organisme, tel le choc d'une déconvenue associé à une méchante douleur dans la cuisse du chiot qu'il était lorsque, tout joyeux, il avait couru à la rencontre d'un facteur dont il ne soupçonnait pas la hargne. Dans cet exemple, le signe n'est autre que le déclencheur du rappel d'un épisode traumatique primal.
marsupial : Se dit d'un animal, tel le kangourou, dont la mise bas a lieu alors qu'il est encore incomplètement développé, et qui poursuit son développement en contact étroit avec sa mère, porté par elle dans sa poche marsupiale. A ce titre, eu égard au succès avec lequel une mère humaine peut sauver son nouveau-né d'une situation critique en le portant constamment à même sa peau grâce à un vêtement adapté (bébé-kangourou), on est tenté de l'assimiler à un marsupial. A fortiori si ce nouveau-né est né prématurément. Mais même le nourrisson né à terme, totalement dépendant d'autrui pendant une longue période initiale de sa vie à l'air, manifeste son appartenance au type marsupial en ce qu'il a besoin de la présence presque constante de la personne qui prend soin de lui.
mise à distance des apports sensoriels : Conséquence de la réactivation, au moment d'un rappel, du mécanisme protecteur qui à l'origine avait permis à la victime d'un traumatisme de se sentir en quelque sorte étrangère à ce qui lui arrivait. Ainsi la personne qui vit le rappel se trouve partiellement incapable, sur le moment, de pleinement prendre conscience de ce qui se passe.
Nature : Pour Spinoza (op. cit.) la Nature, qu'il définit comme « cet Etant éternel et infini que nous appelons Dieu », « n'agit pas en vue d'une fin ». En un condensé saisissant de simplicité, il dit qu'elle « agit avec la même nécessité par laquelle elle existe » (in : Préface à la Quatrième Partie [intitulée] De la Servitude Humaine, autrement dit, des Forces des Affects). Une telle assertion restera toujours d'actualité, car s'il est une question qui n'aura jamais de réponse, dans l'univers pourtant déterministe suggéré par le mot "nécessité", c'est bien le pourquoi ultime de cet univers… et de nous-mêmes.
patient : Ce terme désigne ici la personne qui va entreprendre ou a entrepris sa thérapie primale.
perception : Première prise de conscience consécutive à la captation sensorielle du ou des stimulus qui en font l'objet.
personnalité : La personnalité est le produit de l'interaction, au cours du développement individuel, entre l'expérience vécue et un hypothétique programme de l'expression des gènes. Ce concept est proche de celui de réalité propre à l'individu (abstraction faite de la part infime de cette réalité qu'il peut partager avec ses semblables).
personne : On commence à reconnaître aujourd'hui, en tout cas dans les milieux de l'obstétrique et du traitement des prématurés, que le fœtus doit d'ores et déjà être considéré comme une personne humaine au même titre que le nouveau-né. C'est en effet à partir du troisième mois d'âge (90 jours après la conception), alors qu'il mesure environ 16 cm et pèse environ 90 grammes que, selon l'expression, le fœtus humain entame le grand chantier de sa vie affective.
placenta : Le placenta est un organe de l'embryon et du fœtus. Il est constitué de cellules qui ont le même génome que lui, le génome qui lui vient à la fois de son père et de sa mère. Ainsi, comme l'a joliment formulé Michel Soulé, le placenta est l'organe par lequel père et mère mettent leur futur enfant en relation avec le monde extérieur par l'intermédiaire d'une zone de contact avec sa mère. Cette zone de contact s'établit sur une portion de la paroi intérieure de l'utérus qu'elle modifie de façon telle qu'entre la circulation sanguine de la mère et celle du fœtus des échanges de gaz respiratoires, de nutriments, de déchets et d'autres substances puissent avoir lieu. Jusqu'à la fin de la période de gestation le fœtus partage en quelque sorte les réactions de sa mère aux conditions du moment, y compris celles qui constituent pour elle un stress. Il les partage indirectement par l'intermédiaire de substances exogènes - issues par exemple de la fumée de cigarette ou de boissons alcoolisées - qui traversent la barrière placentaire. Il les partage plus directement par l'intermédiaire de substances hormonales qu'elle-même produit et qu'il reçoit par le même canal. Mais la gestation est également le berceau des relations affectives précoces. S'il peut être mis en alerte, le fœtus peut aussi être rassuré par des relations plus directes encore. Celles qu'établissent avec lui sa mère par la voix transmise à l'intérieur du corps, et son père et sa mère par l'effet du toucher sur la paroi abdominale maternelle (haptonomie).
plasticité neuronale : Terme par lequel on désigne le fait que notre système nerveux central et, par voie de conséquence, nous-mêmes sommes façonnés par notre expérience. Structure et fonction des cellules nerveuses et de leurs connexions au sein du système subissent de constants remaniements. Ceux-ci sont le reflet des fonctions de mémoire, à plus ou moins long terme, de tout ce que vit le sujet dans l'instant, et des fonctions d'intégration de cette expérience du présent à l'expérience acquise pour former un tout qui évolue. Un tout qui s'affine et s'affirme au gré des acquisitions, remises en question et réajustements successifs. On peut avoir envie, aujourd'hui, de remplacer ce qui naguère était appelé le "modèle interactif" du vivant (pour désigner le fait que l'expression du programme génétique est modulée par les interactions avec l'environnement) par un modèle radicalement nouveau ou prétendu tel. Ce "modèle de la plasticité" veut souligner qu'il y a combinaison, ou intersection du génétique et de l'expérience. Il résulte simplement d'une meilleure prise de conscience de l'importance centrale des fonctions de mémoire et d'intégration dans la naissance de la personnalité. La plasticité, au demeurant, est une caractéristique de tous les composants de notre personne. Par exemple, le système de cellules qui assure nos fonctions d'immunité acquise est caractérisé par sa plasticité au même titre que notre système nerveux. Tout comme nos cellules nerveuses sont affectées par nos multiples expériences sensorielles, nos cellules immunitaires sont littéralement façonnées par l'expérience que constitue notre contact intime, au cours du temps, avec des milliers de structures chimiques d'origine extérieure à nous-mêmes. Ces contacts sont à notre système immunitaire ce que les stimulus extéroceptifs sont à notre système nerveux. De même, du fait que notre système immunitaire reconnaît, à leur contact, les structures chimiques produites par notre propre organisme, ces dernières sont à ce système ce que nos stimulus intéroceptifs sont à notre système nerveux. Qu'il s'agisse de contacts avec nos propres protéines ou de stimulus en provenance de notre propre organisme, leur rôle est partie intégrante du bon fonctionnement de l'ensemble. Mais lorsque dans certaines conditions encore mal comprises ces contacts sont pris pour des contacts avec des protéines étrangères à l'organisme (maladie autoimmune), ou lorsque des stimulus endogènes sont pris pour des stimulus exogènes (psychose), le fonctionnement de l'ensemble s'en trouve gravement altéré.
rappel : Dans le présent contexte, le rappel n'a rien à voir avec le fait de se rappeler quelque chose. Il n'est pas un phénomène conscient, ou en tout cas pas d'emblée conscient comme l'est un souvenir. Le rappel est une fonction neurophysiologique qui opère en nous constamment, indépendamment de ce qui est présent à notre conscience mais toujours à la faveur d'une conjonction de nos apports sensoriels intéroceptifs et extéroceptifs du moment. De façon générale, le rappel d'un acquis est précieux dans toute situation où notre activité sensori-motrice doit se dérouler sans faille dans l'instant. Par exemple lorsque nous dévalons une rampe d'escalier qui nous est familière sans rater une seule marche. Autre exemple, alors que nous sommes aux commandes d'une voiture, notre organe auditif capte soudain les stimulus produits par une collision entre deux autres véhicules. A peine cet organe a-t-il capté ces stimulus et en a-t-il localisé la provenance que nous opérons déjà la manœuvre salvatrice. Car sous l'effet de ces seuls stimulus déclenchants ce sont tous nos sens qui, mis en alerte par le système de notre cerveau auquel incombe le traitement des situations d'urgence, lui ont permis de capter la situation dans son ensemble pour organiser et déclencher la réponse appropriée. Une telle réponse, fondée sur les stimulus présents et sur le rappel d'éléments plus ou moins spécifiques de notre expérience acquise de conducteur, s'est produite sans qu'aucune prise de conscience ni la moindre réflexion n'aient eu à intervenir sur le moment. C'est seulement après coup que nous pouvons nous émouvoir, autant d'avoir pu agir de façon adéquate sans en avoir eu vraiment conscience que de prendre conscience de ce que nous avons évité en agissant de cette façon. Le type de rappel, en revanche, dont il est question dans la pratique de la thérapie primale est tout autre. Il s'agit du rappel qui vient littéralement parasiter notre comportement présent. Il en est ainsi lorsqu'une conjoncture sensorielle, en faisant resurgir de façon inopinée une situation traumatique plus ou moins ancienne, déclenche en nous et malgré nous une réaction semblable à celle que nous avons eue alors. Une telle réaction, le plus souvent, est inappropriée à la situation présente, laquelle n'a parfois qu'un rapport ténu avec la situation d'origine.
réaction : Lorsque nous agissons, en réalité nous réagissons. Parfois, c'est plus précisément notre organisme qui réagit. Même "adéquate", une réaction n'est jamais banale. Elle est le résultat non seulement de ce que nous sommes en train de vivre, mais de tout ce que nous avons vécu. En un mot, nous réagissons en fonction de notre réalité tout entière. Premier exemple : Monsieur X, célibataire de cinquante-cinq ans, vient de voir s'éloigner le facteur. Il va chercher son courrier dans sa boîte à lettres. Cette réaction n'est banale qu'à première vue, car X a aussi vu arriver ce gentil facteur qui adore lui faire un brin de causette. X n'aurait eu qu'une porte-fenêtre à ouvrir pour recevoir son courrier de main à main. Mais X se sent bien lorsqu'il est seul ; il lui faut déjà bavarder avec celles et, plus rares, ceux qui l'appellent pour demander de ses nouvelles. Ainsi a-t-il l'habitude de justifier à ses propres yeux certains de ses comportements qui, il le sent bien, ne le satisfont pas tout à fait. Deuxième exemple : le même X, plein de curiosité, ouvre une lettre personnelle qu'il a repérée dans son courrier. Lorsqu'il découvre qu'elle lui vient d'un oncle qu'il n'a pas revu depuis son enfance, il éprouve un étrange mal-être et bientôt une vive douleur anale. X ne s'en doute peut-être pas encore, mais cette réaction est due au rappel d'un événement précis de son passé qu'il a oublié. Quelques heures plus tard, X prend conscience qu'il a souvent éprouvé un mal-être semblable, quoique moins évident et sans douleur. Enfin le jour où, à nouveau, il l'éprouve auprès d'un homme qui pourtant s'est montré particulièrement chaleureux à son égard, X commence à entrevoir "dans sa chair" l'origine de ses réactions de fuite. Ces réactions qui l'ont souvent rendu malheureux auront été pour lui un handicap tenace.
réalité : La réalité est partie intégrante de chaque individu. Elle ne peut être extérieure aux individus car ce qu'il est convenu d'appeler "la" réalité n'est autre qu'une sorte de lieu commun à un groupe d'individus. En ayant recours au langage et à d'autres signes, ces individus s'entendent, au moins approximativement, quant à cette frange de leurs réalités propres qui leur est commune. Plus ou moins grande selon le groupe, cette intersection (au sens mathématique du terme) des réalités individuelles reste somme toute extrêmement ténue comparée à ce qu'est, chez chacun, la réalité. Il suffit pour s'en convaincre de penser à la richesse quasi infinie de l'univers individuel qui constitue le signifié correspondant, par exemple, au seul signifiant "figue". Le poète français Francis Ponge n'a-t-il pas écrit un livre entier pour faire part de ce qu'était, pour lui, une figue ? Or, lorsque Ponge achetait des figues chez l'épicière, ce qu'il partageait vraiment avec elle en prononçant le mot figue était minime. Car si le mot "figue" évoquait chez elle tout un univers, il ne pouvait s'agir que de son univers à elle. Même à supposer qu'elle ait lu « Comment une figue de paroles et pourquoi », c'est à sa propre réalité qu'elle aurait intégré cette expérience; et Ponge, en fin de compte, ne lui aurait transmis qu'une part sans doute encore infime de sa réalité à lui.
régent : Dans une démocratie – où par définition le peuple est souverain – aussi bien que dans d’autres régimes politiques, le régent est l’entité qui gouverne à la place du souverain lorsque celui-ci se trouve de fait, sinon de principe, « minorisé, absent ou malade ». S’agissant aujourd’hui essentiellement de régents qui détiennent le pouvoir par l’argent, il semble évident que même dans une démocratie ces derniers l’emportent face au souverain. Ce dernier est en effet constitué d’une très grande majorité d’individus peu conscients d’être captifs du « lieu commun » des discours politiques et dont plus d’un, souffrant quand il n’est pas malade, ne croit plus au pouvoir qu’il détient réellement.
reviviscence : Elément ponctuel de son histoire qu'un sujet revit, littéralement, comme s'il se passait au présent. Une reviviscence peut avoir lieu soit à l'état de veille soit pendant le sommeil. Dans ce dernier cas, la reviviscence diffère du rêve essentiellement par le fait qu'elle n'a rien de figuré. C'est du vécu au sens propre, qui sur le moment ne suscite pas forcément une émotion intense chez le sujet.
Des reviviscences d'épisodes traumatiques peuvent se produire spontanément chez l'enfant (Petry S, 1995). Chez l'adulte aussi bien que chez l'enfant, la reviviscence d'un même épisode peut se répéter plusieurs fois, à intervalles plus ou moins longs. La charge émotive liée à la reviviscence tend à s'atténuer avec les répétitions, jusqu'à disparaître lors de l'ultime répétition de l'épisode. Le sujet ne garde plus dès lors que le souvenir de ces répétitions et des émotions fortes éprouvées au début, par exemple celle associée à un sentiment de mort imminente.
sensation : Ce que nous ressentons à l'état brut par l'effet de la captation d'un ou plusieurs stimulus par nos sens, indépendamment de toute intervention de notre intellect.
sentiment : Ce que nous ressentons indépendamment de toute intervention de notre réflexion. Un sentiment peut être induit par une sensation, mais il est beaucoup plus global en ce sens qu'il met en cause une plus grande part de notre réalité. Par exemple, lorsque répondant à un appel téléphonique un homme entend une voix de femme [sensation] et qu'il reconnaît cette voix comme étant celle de la femme dont il est amoureux, le sentiment qu'il éprouve alors l'implique plus largement que ne le fait la seule sensation.
stimulus pertinent : Stimulus dont la captation sensorielle, bien que pas nécessairement productrice de perception sur le moment, est néanmoins le vrai déclencheur d'une réaction.
thérapie des quatre pas : Nom donné à la thérapie primale telle que proposée par les thérapeutes de l'école de Stettbacher.
Cf. aussi sur ce site la rubrique « La thérapie des quatre pas ».
vie primale : Période de la vie qui va de la conception jusqu'au moment où l'enfant commence à parler et à conquérir un minimum d'indépendance. On assimile la vie primale à une période de maturation pendant laquelle la dépendance de l'enfant à sa mère est totale. A ce titre, son développement cérébral fait de l'homme le seul mammifère chez qui le diamètre de la tête dépasse celui du défilé pelvien maternel déjà avant la fin de la gestation. Etant donné que la largeur du bassin féminin a atteint une frontière évolutive au delà de laquelle la locomotion se trouverait compromise, c'est donc la croissance cérébrale du fœtus, et non pas la fin de sa maturation, qui limite la durée de la gestation. On doit considérer que l'enfant né à terme n'est autre, en réalité, qu'un fœtus expulsé au bout de neuf mois et que, de ce fait, il reste une sorte de prématuré en tout cas jusqu'à la fin de sa première année.

 

 

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