physiologie, épigénétique, neurosciences, épistémologie, philosophie
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intégration : En neurophysiologie, les fonctions nerveuses dites d'intégration font aujourd'hui l'objet de nombreuses études. Des techniques non invasives d'observation du système nerveux central pendant qu'il fonctionne nous donnent un premier aperçu de nos captations sensorielles et de leur traitement immédiat par toute une hiérarchie de centres nerveux. A titre d'exemple, il devient possible de concevoir comment, au delà de la captation des stimulus lumineux par la rétine, les centres nerveux primaires, secondaires, tertiaires, etc. président aux perceptions visuelles. Comment ils assurent en même temps la mise en relation de ces perceptions avec nos autres perceptions du moment, tant intéroceptives qu'extéroceptives. Comment, enfin, toute nouvelle expérience visuelle vient à chaque instant et dans son contexte affiner notre réalité par confirmations, enrichissements et ajustements successifs.
Il est probable que les fonctions d'intégration impliquent de près ou de loin la plus grande partie du système nerveux central, cet ensemble organisé dont les cellules constitutives, les neurones, se comptent par dizaines de milliards et possèdent chacune plusieurs dizaines de milliers de contacts avec d'autres neurones. Le nombre maximum de ces contacts est atteint dans les premiers temps après la naissance. Leur nombre diminue quelque peu par la suite et il se pourrait que cette diminution, contemporaine de l'établissement plus ou moins définitif de certains domaines de la réalité individuelle, corresponde à une diminution du potentiel de réorganisation de cette réalité. Par exemple, certains acquis d'une "langue maternelle", telle la finesse d'intonation des phonèmes, se "figent" relativement tôt. Dans une certaine mesure, il en est de même pour ce qu'on pourrait appeler globalement "la façon d'être avec autrui". Il faut remarquer, toutefois, que même diminué notre potentiel de réorganisation de la réalité reste assez grand pour qu'il vaille la peine de l'exploiter à l'aide de la pratique (auto-)thérapeutique primale.
On a pu démontrer qu'un travail d'intégration se fait, entre autres, au cours du sommeil pendant les phases de rêve. Dans ce cas les expériences récentes, déjà intégrées "en ligne" à l'état de veille, sont reprises "en différé" pendant le sommeil pour une étape d'integration plus profonde. A propos de nos rêves, il nous est relativement facile d'en repérer les éléments constitutifs qui relèvent le plus directement de ce que nous avons vécu la veille. En revanche, si nous nous accordons le temps d'y prêter attention, nous sommes parfois surpris par des contenus qui nous renvoient à des éléments plus anciens du cours de notre vie, à commencer par notre vie primale. Ces contenus ne sont généralement pas reconnaissables a priori, d'autant plus qu'ils se manifestent souvent à notre conscience, pendant le rêve, sous forme de métaphores. Lorsqu'au contraire l'épisode, si fragmentaire soit-il, est très concret et précis, et que nous avons l'impression de revivre quelque chose de déjà vécu, c'est que nous venons d'avoir, plutôt qu'un rêve à proprement parler, ce qu'il est convenu d'appeler une reviviscence.