physiologie, épigénétique, neurosciences, épistémologie, philosophie
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réaction : Lorsque nous agissons, en réalité nous réagissons. Parfois, c'est plus précisément notre organisme qui réagit. Même "adéquate", une réaction n'est jamais banale. Elle est le résultat non seulement de ce que nous sommes en train de vivre, mais de tout ce que nous avons vécu. En un mot, nous réagissons en fonction de notre réalité tout entière. Premier exemple : Monsieur X, célibataire de cinquante-cinq ans, vient de voir s'éloigner le facteur. Il va chercher son courrier dans sa boîte à lettres. Cette réaction n'est banale qu'à première vue, car X a aussi vu arriver ce gentil facteur qui adore lui faire un brin de causette. X n'aurait eu qu'une porte-fenêtre à ouvrir pour recevoir son courrier de main à main. Mais X se sent bien lorsqu'il est seul ; il lui faut déjà bavarder avec celles et, plus rares, ceux qui l'appellent pour demander de ses nouvelles. Ainsi a-t-il l'habitude de justifier à ses propres yeux certains de ses comportements qui, il le sent bien, ne le
satisfont pas tout à fait. Deuxième exemple : le même X, plein de curiosité, ouvre une lettre personnelle qu'il a repérée dans son courrier. Lorsqu'il découvre qu'elle lui vient d'un oncle qu'il n'a pas revu depuis son enfance, il éprouve un étrange mal-être et bientôt une vive douleur anale. X ne s'en doute peut-être pas encore, mais cette réaction est due au rappel d'un événement précis de son passé qu'il a oublié. Quelques heures plus tard, X prend conscience qu'il a souvent éprouvé un mal-être semblable, quoique moins évident et sans douleur. Enfin le jour où, à nouveau, il l'éprouve auprès d'un homme qui pourtant s'est montré particulièrement chaleureux à son égard, X commence à entrevoir "dans sa chair" l'origine de ses réactions de fuite. Ces réactions qui l'ont souvent rendu malheureux auront été pour lui un handicap tenace.