Pour pouvoir "donner la vie", la mère a besoin du soutien
du père et de la reconnaissance de la société.
Quand on voit le cruel "destin" des intéressés,
on ose à peine dresser la longue liste des drames provoqués
par une souffrance évitable. Car cette souffrance pourrait être
évitée si lon prenait les précautions nécessaires.
Daucuns réussissent à faire de leur souffrance vertu.
Cela peut être une aide, donner un sens à lexistence
perturbée - mais cela reste un triste substitut, qui ne saurait remplacer
une vie épanouie. Lêtre, lenfant en particulier,
exprime quotidiennement sa détresse. Cest ce qui donne aux
parents leur chance de pouvoir secourir leur enfant.
Il est effectivement possible de guérir de graves
blessures. A la condition de prêter attention
aux signaux, aux appels de lenfant. Chaque fois
quon lui apporte un réconfort, que lon
satisfait véritablement ses besoins, ses tensions
seront apaisées. Des soins corporels prodigués
avec amour, lassurance apportée au petit être
quil est digne de respect et damour, aident
à guérir presque toutes les plaies. Du moment
quils ont été reconnus comme tels, des blessures,
des désarrois, des sentiments dinsécurité
peuvent être effacés avec des mots et des actes.
La guérison exige dans la plupart des cas beaucoup de temps, de patience
et dendurance. Le succès, et la joie quil apporte, seront
la récompense de ces efforts. Il faut savoir, à ce propos,
que lenfant souffrant dune surcharge émotionnelle demeurera
assez longtemps incapable dexprimer de la satisfaction ou de la joie.
Au début, contenter cet enfant ne sera pas une tâche facile.
Il est susceptible et irascible, exprimera très souvent des peurs,
et donnera limpression que ses besoins sont insatiables. Un certain
temps lui sera nécessaire pour faire confiance au "nouveau régime" :
il sest déjà construit un système de défense
qui ne se laissera pas abattre dun seul coup. Il a besoin de parents
sensibles, capables de rester à son écoute, avec toute leur
attention et leur amour, jusquà ce quil puisse reprendre
confiance.
Malheureusement, beaucoup de parents ne se rendent jamais compte de la détresse
de leur enfant, et ne sont pas prêts à se remettre en question
pour laider. Ils préféreront se décharger du
'problème' sur des professionnels, qui trop souvent nont aucune
idée de la véritable situation et de ses raisons profondes,
notamment parce que les parents ne leur fournissent jamais des informations
complètes. Mais la meilleure protection contre la chronicisation
des souffrances demeure laide immédiate. Lorsque après
une naissance difficile la mère peut calmer et allaiter son enfant,
lencourager encore et encore, elle évitera dans la plupart
des cas linstallation de troubles durables. Le dommage peut être
"réparé" par les parents sils savent traiter
leur enfant avec la sollicitude et lamour nécessaires. Après
les souffrances qui lui ont été infligées, le nouveau-né
a besoin, physiquement et psychiquement, dune bienfaisante tendresse.
La mère, de son côté, ne pourra se montrer
attentive et sensible aux besoins de son enfant que
si elle dispose dune aide extérieure et
de sécurité intérieure. Lallaitement
peut constituer, après la naissance, la communication
la plus intense, la plus riche en plaisir, entre
la mère et lenfant. Non seulement le lait
maternel comprend tous les anticorps et les substances
nutritives dont lenfant a besoin pour construire
son organisme, mais encore lacte de téter en
lui-même saccompagne dune stimulation agréable
de ses organes et de son activité qui, à son tour,
va frayer la voie à létablissement
dune bonne capacité relationnelle. Téter avec
plaisir est un excellent point de départ pour un développement
psychosocial harmonieux. La mère qui dispense
à son enfant stimulation et amour crée
en lui un sentiment du moi positif qui lui permettra
de forger, sur cette base solide, une bonne image de lui-même
en tant quêtre vivant. Un enfant dont les besoins
sont satisfaits cherchera à sépanouir dans
la vie et à transmettre aux autres sa joie de vivre.
jks