naissance, plaisir, intimité
Parmi les expériences décisives de l'enfant à sa naissance, il y a tout d'abord sa première grande "initiative personnelle", à savoir que dans les conditions physiologiques normales il déclenche lui-même tout le processus. Suivent la lente dilatation du col utérin dont il est, en étroite coopération avec sa mère, en même temps l'outil et la cheville ouvrière. Le passage du défilé pelvien et l'arrivée à l'air qui exige de lui le puissant effort associé à la première entrée d'air dans ses poumons. La découverte de sa propre voix. La rencontre et retrouvaille de sa mère à son odeur, la réception au monde par celle-ci sur sa peau et dans sa chaleur et la redécouverte d'une voix maternelle qui, dès lors, lui est transmise par voie aérienne. Les remaniements de son coeur consécutifs au nouveau mode d'oxygénation du sang (à partir de l'air des poumons) qui prend le relais de la fonction placentaire. Bientôt sa recherche et sa découverte du mamelon, l'adaptation de son système bucco-intestinal au nouveau mode d'apport des nutriments.
Chacune de ces expériences comporte d'intenses stimulus, générateurs de sensations intenses. Si intenses, d'ailleurs, qu'elles feront chez chacun l'objet de reviviscences plus ou moins complètes au cours de l'enfance et jusque dans la vie adulte. Chaque naissance a des conséquences différentes. Elle peut devenir un point d'appui pour toute la vie, le fondement de la confiance originelle. Ou bien empoisonner par ses répercussions chaque jour de l'existence. C'est la raison pour laquelle il est si important que la gestation et la période périnatale de leur enfant à venir fasse l’objet, pour les parents, d'une réflexion par eux-mêmes, et de choix personnels sur la base d'une information fiable et complète (Jacques B, 2007 ; Reymond Daros S [sous la direction de], 2011)
Le développement de la réalité se poursuit après la naissance comme il a commencé, c'est-à-dire de façon presque aussi explosive que chez le foetus. La personnalité du nourrisson va s'affirmer jusqu'à la fin de la première année et au-delà, au gré des possibilités qui lui seront offertes pendant cette période de dépendance totale. Le besoin de contact intime, avec la mère en particulier, est si critique pour l'humain que ce dernier devrait être considéré comme un marsupial.
Toujours relativement intense dans la petite enfance, le développement de la réalité se poursuit la vie durant dans un continuum. Un continuum qui ne se terminera vraiment qu'à la mort quand bien même, dans le grand l'âge, élaboration et ajustement de la réalité se trouvent ralentis, même chez les individus les plus vifs d'esprit.