rappel, déclencheur, attention
L'expérience montre que pour se débarrasser d'un symptôme, un individu n'a guère d'autre choix que de s'appliquer à laisser émerger les sentiments liés à l'origine primale [la cause première] de ce symptôme.
En pratique, chaque fois que les circonstances de son quotidien ont fait surgir son symptôme, la personne qui fait sa thérapie prend le temps de déterminer quel a été précisément l'élément déclenchant. Pour cela, le plus tôt possible après l'événement, elle commence par se remémorer ces circonstances dans le détail. Cette opération n'a rien de banal car, quand bien même ses sens ont tout capté et ses centres nerveux tout enregistré, la conscience qu'elle a pu avoir de ce qui s'est réellement passé était momentanément amoindrie par le fait du rappel. Plus tard, toutefois, lorsqu'au moment de la récapitulation des faits le stress lié au rappel n'est plus aussi présent, il lui devient possible de mieux prendre conscience de l'événement dans le détail. Avec l'entraînement, cette première opération va donc lui permettre, par la réduction de la mise à distance des apports sensoriels (extéroceptifs et intéroceptifs), d'accéder enfin à la pleine conscience des faits.
Pour qui tente de le revivre très consciemment, de quoi au juste un événement est-il fait "dans le détail" ? Une technique neurophysiologique d'observation de la façon dont fonctionnent nos centres nerveux lorsque nous sommes en éveil nous éclaire. Elle nous révèle que ces centres donnent la priorité à certains stimulus pertinents. Ces stimulus ne sont pas initialement au centre de notre attention mais c'est à eux, pourtant, que nous réagissons le plus. Voici un exemple tiré d'un travail expérimental récent : l'attention d'un sujet est orientée vers une tâche précise, en l'occurrence déterminer si la voix qu'on lui fait entendre est celle d'une femme ou celle d'un homme. Dans ces conditions, sans le savoir, le sujet réagit davantage aux intonations et modulations subtiles qui traduisent l'état affectif de l'émetteur qu'aux fréquences fondamentales et à l'enveloppe des amplitudes propres à son genre (Grandjean D et al, 2005). Exactement comme, sans le savoir, nous réagissons davantage aux signaux affectifs ou sociaux transmis par le visage d'un individu qu'aux caractéristiques morphologiques qui nous permettent de l'identifier. Ou comme il nous arrive, toujours sans le savoir, de réagir davantage à une particularité de la lumière, des odeurs ou de l'ambiance sonore dans lesquels des faits prennent place qu'à ces faits eux-mêmes. Ainsi, revivre les faits "dans le détail", c'est surtout prendre conscience des "stimulus pertinents" qui ont déterminé nos réactions lors de l'événement. Tel est l'objectif du premier des quatre pas qui, ensemble, constituent la plus petite unité d'action dans le travail auto-thérapeutique.