Auguste Chinet / Jacqueline EtterLes leçons de la physiologie
Mon âme ? Elle va très bien mon âme !
fuite, agressivité, réactions inadéquates
De nombreux "malvivants" sont tentés d'attribuer à leur réalité le caractère d'une globalité harmonieuse et cohérente. S'il en est ainsi c'est que, pour chacun d'entre eux, une partie de sa réalité lui échappe. La partie, précisément, constituée des expériences primales dont il a souffert. Expériences vécues dont il souffre encore car la fonction inconsciente qu'est le rappel perturbe son comportement. Certes, le rappel est d'abord une fonction physiologique vitale. Mais lorsque cette fonction est responsable de la réactualisation, aussi subite qu'inattendue, d'une de ses expériences anciennes traumatiques, le rappel peut entraîner chez lui des réactions totalement inappropriées aux circonstances présentes. Il suffit en effet qu'au hasard de son quotidien, et peut-être alors que son humeur justement l'y prédispose depuis quelque temps déjà, un rien qui se trouve relever du contexte primal le plonge malgré lui dans l'état émotionnel et les comportements qui furent les siens à cette occasion (réaction de repli, de fuite, de colère, etc.).
Il n'y a pas lieu de voir dans les fonctions de rappel, physiologique d'une part et perturbatrice d'autre part, deux sphères fonctionnelles distinctes. Ce qui caractérise un rappel perturbateur, c'est seulement que l'expérience rappelée n'a pu être, à l'origine, intégrée à la réalité au même degré que les autres. De fait, la victime d'un tel rappel ne se doute souvent pas que l'expérience qui en est l'objet fait partie de son histoire, ni même que son comportement est perturbé. Si elle en souffre, ce n'est pas tant par ce comportement lui-même que par les réactions d'autrui à ce comportement. Pour elle, mais pour elle seule, ses réactions sont toujours justifiées et parfaitement normales. Si donc un jour, sentant qu'elle a du vague à l'âme, vous voulez par sympathie vous enquérir de ce qui ne va pas, elle risque de couper court vous disant : "Merci, mais… non, moi ça va !".